Alassane Souleymane, candidat pour la présidence de la Fédération malienne de football, se montre confiant dans cette interview accordée à Planeteports.com et a dévoilé ses motivations, son programme de campagne et les enjeux de l’Assemblée générale élective de la Fédération malienne de football du 29 août 2019.
Planetesports : Que vous a-t-il motivé à briguer la présidence de la Femafoot ?
Alassane Souleymane : La motivation de cette candidature est simple. Nous pensons être des acteurs de ce football. Il y a quelques années, le football national ne se porte pas bien à cause de certains désaccords, donc une crise. Aujourd’hui, tout le monde convient qu’il faut sortir de cette crise. Je me suis battu pour ne pas être un acteur de cette crise-là. Il y a une nouvelle élection qui se tiendra le 29 août 2019. Je me suis dit que la meilleure manière de participer à la recherche de la solution pour sortir de cette crise c’est d’abord de participer à l’élection, de présenter une liste de candidatures, de me battre pour la faire valider et de défendre nos idées. C’est ce qui a été fait. Dieu merci, notre liste a été acceptée. Nous sommes quinze personnes dont deux femmes qui ont eu confiance en moi et acceptez d’aller avec moi. Il fallait prouver qu’on a travaillé dans le football malien avant. Les quinze personnes avec moi ne sont pas étrangères dans le football. Ceux sont des anciens arbitres internationaux, des anciens joueurs, des anciennes joueuses. Donc, il y a une panoplie d’acteurs qui, a un moment donné, ont servi ce football. Nous avons un projet, nous allons battre campagne pour le défendre. Parce que nous pensons avoir la capacité de gérer le football malien. Nous pensons qu’avec la situation actuelle nous sommes la meilleure alternative et la candidature crédible pour sortir le football malien de cette crise-là.
Quelles sont vos chances dans cette élection ?
Je pense que mes chances sont intactes. Evidemment, quand vous parlez avec ceux qui sont dans le système, ils pensent beaucoup plus à un jeu d’arithmétique, d’addition de voix. A mon avis, la prochaine assemblée générale de la fédération n’est pas une élection d’arithmétique ou d’addition de voix. Cette AGE c’est tout le Mali qui regarde, qui attend les acteurs du football ce jeudi 29 août 2019. On doit répondre à une seule question : quelle est votre solution trouvée pour sortir le football malien de cette crise ? Quelle est la liste que vous avez choisie sur la base des analyses rationnelles, raisonnables, bien réfléchie qui puisse faire sortir le Mali de cette crise.
Sinon, ce n’est pas une élection d’addition de Ligues, de clubs, de voix. Nous-nous apportons les réponses dans notre projet. Nous battons campagne sur ça. Le jour de l’AGE, nous dirons aux gens que le bon choix, celle de la raison, le choix de la bonne alternative, c’est la liste Alassane Souleymane !
Quelles sont les grandes lignes de votre projet de développement du football malien ?
Nous sommes en 2019, le monde a évolué. Le football a évolué dans le monde, en Afrique et au Mali. Si vous regardez au Mali, c’est vrai qu’on a des clubs traditionnels à savoir : le Djoliba AC, le Stade malien. Mais aujourd’hui on parle de Yéelen, Black Star, LCBA, Onze Créateurs…tout le monde participe. En Afrique, rien que la dernière édition de 2019, on a ouvert les vannes, en passant de 16 à 24 équipes. Les compétitions de jeunes se jouent dans beaucoup de pays maintenant. Nous pensons que la gouvernance actuelle du football est une gouvernance d’intelligence, de réflexion, une gouvernance basée sur des idées. Dans notre projet, nous l’avons intitulé « le Contrat National du Football Horizon 2023 ».
Pourquoi contrat, parce que quand on parle de contrat, on parle d’engagement individuel, personnel mais aussi engagement mutuel. Nous voulons que tous les acteurs du football malien se retrouvent dans ce contrat, bâti sur trois piliers :
Le premier pilier c’est la convergence : nous pensons que le football est avant tout un jeu. Les supporteurs peuvent s’échauffer dans les tribunes mais pas les dirigeants. Dans notre premier pilier, nous allons faire un mouvement de convergence vers les objectifs mais aussi dans la gouvernance et d’objectif.
Le deuxième pilier est basé sur des innovations. Le football d’aujourd’hui va très vite et la meilleure des gouvernances c’est celle qui vit au jour le jour avec des innovations qui visent à améliorer la vie des joueurs, des encadreurs et de tous les acteurs du football. Nous allons mettre beaucoup d’innovations déjà inclus dans notre programme.
A titre d’exemple, nous voulons instaurer un forum des Districts. Pour nous les Districts sont à la base mais on les oublie. On doit être à leur écoute pour gérer les difficultés à la base. Nous allons rassembler tous les Districts pour réfléchir sur le football à la base. Nous devons avoir une administration efficace depuis les Districts et les Ligues avec des pratiques novatrices.
La performance est notre troisième pilier. Je le répète à qui veut l’entendre, le Mali est un pays de football. C’est nous qui avons donné le premier ballon d’or africain, après il y a eu Frédéric Kanouté, Seydou Keïta (meilleur joueur mondial U20 de 1999), Adama Traoré, meilleur joueur mondial U20 de 2015). Au niveau des équipes de catégorie, le Mali a remporté des trophées mais n’a pas réussi à remporter un trophée au niveau des seniors. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de joueurs. Mais regardez la génération 2002 -2012, ce que j’appelle « la génération perdue » qui était composé par des talents inégalés sur le continent à l’époque. Le Mali avait les meilleurs milieux de terrain en Afrique dont un ballon d’or qui est Kanouté. Aujourd’hui quand on les écoute, leur remord, leur tâche noire, leur regret c’est le fait ne pas remporter une coupe d’Afrique pour le Mali. Ce n’était pas par manque de talents mais c’est parce que la gouvernance n’a pas accompagné. On a vécu des crises à répétition qui n’ont pas aidé ces footballeurs à exprimer les performances que tout le Mali attendait d’eux. Si on est élu et que tout le monde se met derrière nous, en 2023 au plus tard, nous donneront le trophée de la CAN séniors au Mali. Les jeunes ont donné le ton en Egypte. Ils ont juste besoin d’être accompagnés, encadrés dans un environnement serin, où tout le monde converge ensemble. Avec ça, nous allons soulever des montagnes. Nous avons des talents et les dirigeants qu’il faut. Les gens qui se battent pour venir à la fédération ont fait chacun leur preuve. Mais on est dans un système qui nous piège. On est piégé, on ne parvient pas à sortir du piège et nous, nous voulons être ceux qui vont sortir le football malien du piège. Comme ça, ils comprendront qu’ensemble nous pourrions faire des choses intéressantes pour le football malien.
Depuis combien d’années on parle de Ligue professionnelle. Il faut qu’on y aille ! Aujourd’hui dans le monde on est au professionnalisme. Rapidement, nous allons installer la Ligue professionnelle. Les textes seront élaborés, le bureau sera mis en place et les dirigeants qui vont diriger la Ligue professionnelle vont se mettre à la tâche pour organiser le premier championnat professionnel avec les clubs qui seront prêts.
Quel regard portez-vous sur la gestion des précédents comités exécutifs de la Femafoot ?
Vous savez on pense qu’on est en crise il y a juste 2 ou 3 ans. Moi je pense qu’on est en crise depuis 2002. Regardez, aucun président n’a fait 2 mandats. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas plu, mais c’est parce qu’il y a eu des crises. Il y a beaucoup de facteurs dans ces crises. Certains incriminent les textes qui sont mal faits. D’autres incriminent les égos qui font que les gens ne parviennent pas à aller ensemble. Aujourd’hui il faut qu’on fasse table rase de tout ça et qu’on retienne une seule chose. Quand on est dirigeant de football, soit vous êtes venus parce que vous êtes dans une position confortable financièrement (le mécénat). Là vous prenez une partie de votre argent et vous injectez. Les gens ont confiance en vous et ils vous mettent devant en croyant en vous tout en pensant que vous allez leur donner un rêve, l’espérance et que vous allez les amener très loin. Il y a des gens qui rentrent dedans parce qu’ils ont la science et la technique et ils ont quelque chose à apporter.
Il y a aussi d’autres manières de rentrer. Chaque dirigeant doit garder une chose en tête. Notre objectif est non seulement de rendre heureux le pratiquant du football mais aussi de rendre heureux celui qui vit du football et celui qui est dans le football. Une fois que celui-là est heureux, nous avons rempli notre objectif. Arrêtons un peu de penser à nous-mêmes. Mettons nos égos de côté et pensons cela pour qui nous sommes là et nous avons pris l’engagement d’être là. Que vous soyez joueur, dirigeant, amateur du football, il y n’a le football que lorsqu’on joue au football. Si on pense à cela et que l’essentiel c’est le jeu et que les acteurs se retrouvent au terrain et partagent ces moments ensemble tout ira bien.
Un mot sur la commission électorale ?
Cette année, c’est le Conor. On estime que le Cornor est un organe qui doit être à équidistance des différentes sensibilités. Cela peut aboutir à une élection réussie. A mon avis, jusque-là, tout s’est bien passé, à savoir : le processus des candidatures, la campagne est en train de se passer, l’AGE est en train d’être organisée, le collège électoral a été déjà convoqué. Je pense qu’il faut faire confiance à la commission électorale. Le challenge sera plus dans le camp des électeurs. Ceux qui seront dans la salle pour faire l’évènement doivent avoir une grande maîtrise d’eux et devront pas oublier qu’ils sont des mandatés. Ils ont un mandat. Chacun viendra de sa région, de sa Ligue, de son club, de son groupement sportif pour venir choisir le meilleur projet. Il ne faut pas oublier que les listes des candidatures c’est des candidatures individuelles. On peut appartenir à un club ou une Ligue, mais ceux ne sont pas des candidatures de clubs ou des Ligues. C’est individuel avant tout. Les électeurs ont une responsabilité. Le peuple malien les regarde. On doit se projeter dans l’avenir. Les électeurs doivent faire le choix de la raison et créer les conditions pour mettre la crise derrière nous et qu’ouvre une nouvelle page de rêve, d’espérance du football malien.
Quels sont les enjeux de cette AGE?
D’abord il faut que nous ayons une élection apaisée. Que les électeurs partent avec un mandat fort de leurs bases en se disant que notre football est dans un marasme dont on doit le sortir. Et que notre responsabilité n’est pas la responsabilité des candidats. Parce que les candidats auront eu le mérite d’introduire leurs dossiers, de battre campagne, de défendre leur projet, mais le jour de l’élection, ils seront là en simples spectateurs en attendant le verdict des électeurs. Donc, la balle va être dans le camp des électeurs. Le principal enjeu c’est qu’on sorte de la crise. Cet enjeu est dans les mains des électeurs. Tout le Mali les attend.
Votre mot de la fin ?
C’est de remercier tous mes soutiens qui se manifestent depuis le 8 juillet 2019, quand nous avons annoncé notre candidature. J’ai demandé à ce qu’on nous fasse des bénédictions. Il y a des mouvements d’espérance autour de notre liste. Je remercie ces hommes, femmes et les appellent de croire en nous et que les électeurs feront le meilleur choix pour la sortie définitive du football malien de la crise. Nous pensons avoir la solution et nous allons prier pour que cette crise soit derrière nous et qu’il y ait une convergence. Ainsi, nous allons soulever des montagnes.
Réalisée par Yacouba TANGARA