Candidat pour la présidence de la Fédération malienne de football lors de l’Assemblée générale élective de la Fédération malienne de football, Mamoutou Touré communément appelé Bavieux a dévoilé, dans une interview accordée à Planetesports.com, son projet de développement du football malien, basé sur la refondation du championnat national, la réorganisation de la l’administration du football, la revalorisation de la Direction technique nationale et la réconciliation des acteurs du football malien après la regrettable crise imposée à notre sport roi.
Planetesports : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes candidat à la présidence de la Femafoot ?
Mamoutou Touré: Avant tout propos permettez-moi de vous remercier très sincèrement pour l’attention que vous portez à ma candidature, au sport du Mali et au football en particulier. Les raisons qui m’ont motivé sont essentiellement sur les expériences que j’ai reçues au niveau des différentes instances du football malien. Comme vous le savez, je suis dans le monde du football il y a plus de 30 ans. De l’AS Réal de Bamako, en passant par la Ligue et la Fédération malienne de football, où j’ai assumé des fonctions de responsabilité, notamment au secrétariat administratif et du secrétariat général de la Femafoot. Au niveau de l’AS Réal de Bamako et à la Ligue, j’ai cumulé des fonctions de vice-présidence de la commission des finales et président de la commission régionale des arbitres de Bamako. A la Femafoot depuis 1994, j’ai été successivement président de la commission de football féminin et président de la commission des programmes, vice-président de la commission des jeunes sous Sadia Cissé, président de la commission des jeunes, président de la commission du football professionnel et pour enfin devenir le 1er vice-président. Au niveau des instances internationales, j’ai été plusieurs fois désigné commissaire de match. Après cette riche expérience, cela m’oblige en digne fils à venir soumettre ma modeste candidature aux délégués pour qu’enfin, nous puissions sortir le football malien de cette crise qui n’a que trop duré.
Quelles sont vos chances à cette élection ?
Nos chances sont grandes. Je le dis avec beaucoup de modestie. Vous savez que durant mes 30 années au service du football dans ces différentes instances, ma modeste personne n’a eu aucun problème avec les personnes qui animent le football. Tous sont des camarades, y compris les deux candidats en face, avec lesquels j’ai partagé un moment à la fédération. C’est dire que le monde du football, les acteurs du football sont en grande partie des grands responsables qui mesurent avec moi la complexité de la crise et qui savent aujourd’hui que je suis en mesure de relever ces défis. Cela dit, nous avons une chance à l’occasion de l’élection du 29 août 2019.
Quelles sont les grandes lignes de votre programme pour le développement du football malien ?
Nous avons établi un programme qui s’articule autour de quatre grands axes. Prioritairement, le premier axe de notre programme est lié à la crise elle. C’est-à-dire la réconciliation des acteurs du football malien. Plaise à Dieu que nous soyons aux affaires le 29 août prochain, nous ferons en sorte, à travers un forum, que tous les acteurs du football malien se retrouvent pour qu’ensemble nous puissions aider notre pays. Si on arrive à enclenchez cette dynamique, il est évident qu’on aura réalisé 50% de la réussite du football. Que les acteurs se parlent, se comprennent, s’acceptent, ça c’est le socle même de notre programme.
Le deuxième axe, nous l’avons intitulé la réorganisation de l’administration du football malien. J’ai eu la chance de vous rencontrer quelques fois dans les phases finales de CAN, où souvent vous-vous occupez de l’aspect médiatique de la Femafoot. Je sais que vous êtes un homme de football, très lié aux sélections nationales. Donc, vous comprenez que ce que nous avons aujourd’hui comme administration du football malien n’est pas conforme avec les procédures actuelles de la gestion du football. Nous sommes dans une gestion professionnelle du football et encore une fois, le football malien est à l’état d’amateurisme. Donc, nous avons dit que si Dieu nous conférait la responsabilité de gérer la Fédération à partir du 29 août 2019, nous essaierons d’amener l’administration du football malien à un niveau professionnel.
Les outils informatiques nous permettent aujourd’hui de faire en sorte qu’on ne perde plus de temps dans les envois des correspondances et aussi que ceux-là qui doivent gérer ce pan de notre football soient des acteurs qui ont un bon niveau de formation. Parce que l’administration représente la cheville ouvrière de tout ce que nous devons entreprendre. Donc, la réorganisation de l’administration est notre deuxième axe.
Notre troisième axe, c’est la refondation de nos compétitions et nous voulons dire qu’il faut amener les différents championnats à un niveau professionnel avec une régularité dans les compétitions. Qu’il n’y ait pas de rupture intempestive. Pour ceux qui connaissent le football savent pertinemment que lorsqu’on démarre un championnat et au bout du rouleau on se retrouve dans une situation où il faut attendre deux ou trois mois pour ensuite reprendre le championnat, techniquement ça engendre des baisses de régime et handicape beaucoup plus les équipes. Une telle situation nous engage à aller très rapidement à la Ligue professionnelle. La Ligue professionnelle occupe une bonne place dans notre programme. Il s’agit de faire en sorte comment emmener les équipes à se professionnaliser. Et que la fédération soit là du championnat de première division. Cela pourrait se faire à travers la création de la Ligue professionnelle. Mais la Fédération sera là comme un petit relai pour essayer de booster cette dynamique afin que nos équipes soient compétitives, surtout sur le plan international. Je crois qu’à ce niveau, tout le monde va s’en réjouir. Car les résultats vont suivre. Ensuite, nous mettre un accent sur les compétitions de jeunes et le football professionnel en général.
Les Aigles dames ont réalisé une belle performance à la dernière CAN. Nous devons donner également un engouement extraordinaire au football féminin.
Nous terminerons par la Direction technique national. J’ai déjà dit qu’il faut des ramifications de la Direction technique nationale au niveau régional et même dans les District pour permettre non seulement la détection, mais aussi la formation. Parce que la DTN doit animer les différentes structures. La Direction technique est dispensable pour nous dans cette nouvelle orientation.
Le dernier axe de notre programme est basé sur l’appui de nos structures déconcentrées et aux clubs. Si nous serons aux affaires, nous ferons d’abord en sorte que toutes les Ligues régionales du Mali soient dotées d’un siège flambant neuf, avec toutes les commodités. On ne s’arrêterait pas en si bon chemin, on va procéder en sorte que ces Ligues soient connectées directement à la Fédération et même les étendre au niveau des Districts. Nous comptons donner un appui financier aux Ligues régionales. Nous avons sillonné l’environnement du football malien. Nous savons aujourd’hui que ce qui est très important. Il faut appuyer les structures de base. Et dans ce schéma, il faudra chercher des moyens pour faire face à tous ceux qu’on vient de dire. Nous, avec beaucoup d’humilité, des petites relations au niveau international, au niveau national qui nous permettrons d’avoir ces moyens en termes de sponsoring, en termes d’appui pour qu’ensemble, dans une gestion très transparente, qu’on puisse amener nos structures déconcentrées et nos clubs à bénéficier d’appuis nécessaires.
Qu’est-ce qui manque aux Aigles pour remporter un trophée de CAN chez les séniors ?
Je suis très content que vous me posiez cette question parce que toi et moi, nous l’avons discutée. Depuis un certain nombre d’années, ayant occupé le poste de vice-président de la commission technique et de président de la commission des Jeunes, j’avais élaboré un document pour la fédération. J’ai expliqué dans ce document la relation qui devrait exister entre les Cadets, les Juniors, les Espoirs et l’équipe nationale séniors. C’est là où se situe le problème. C’est un problème de management. Il faut que la Direction technique nationale arrive à s’appuyer sur ces jeunes qui aujourd’hui font la fierté du Mali. Elle doit amener ces jeunes au moment d’atteindre la maturité à être dans une disposition technique et tactique leur permettant de produire un volume de jeu extraordinaire. Je veux dire par là que quand on regarde les performances des jeunes Cadets et Juniors dans les différentes équipes de catégorie, mais aussi Espoirs, il y a une baisse de régime qui fait que par moment tu te poses la question de savoir si le garçon qui était extraordinaire dans sa catégorie initiale, est-ce le même garçon ? Il faut tout simplement mettre une adéquation entre ce pont au niveau des Juniors pour la phase espoir. Quand on arriverait à réaliser ça et donner une certaine dimension aux compétitions espoirs, je suis persuadé qu’on va résoudre ce problème. Parce que c’est le relai entre les compétitions de jeunes et l’équipe espoir. Si on effectue ce travail avec une très grande direction technique, je vous avoue que d’ici quelques années, en tout cas, sous notre mandat, le Mali remporterait une Coupe d’Afrique des Nations avec l’accompagnement de tous.
Quels sont, selon vous, les enjeux de l’Assemblée générale élective du 29 août 2019 ?
C’est la mise en place du Comité exécutif à la tête de la fédération. Nous partons à cette élection confiant, tout en ayant à l’idée que nous sommes des humains. Nous évaluons ce que nous avons sous la main, mais seul Dieu décide de ce qui a entre sa main à lui. Nous ne sommes que des mortels et nous allons à cette élection avec beaucoup d’humilité mais dans la plus grande dignité. Plaise à Dieu, notre souhait le plus ardent, au regard de tout ce que je viens d’énumérer et notre petite expérience, qu’il nous confie les destinés du football malien le 29 août 2019. Ça c’est notre ambition. Et dès que ce résultat serait proclamé en notre faveur, dans la salle, nous prenons l’engagement de tendre la main immédiatement à nos adversaires qui, du reste, sportivement parlant, sont nos camarades. Nous constituons la même famille de football. Je considère qu’il n’y aurait ni gagnant ni de vaincu.
Si la volonté du bon Dieu décidait autre chose, c’est à confier les destinées de notre football à un de nos adversaires (Alassane Souleymane ou Salaha Baby), pour lesquels j’ai beaucoup d’estime, je leur dirais bravo dans la salle, avec la même dignité, avec le même état d’esprit et d’humilité. Je suis un jeune qui a voulu servir simplement son pays tant professionnellement que sportivement. Nous prions le bon Dieu pour que le football malien sorte de cette crise.
Quel est votre mot de la fin ?
Pour conclure, je m’adresse à vous les journalistes. On est dans cette crise il y a environ quatre ans. Je vous en prie, je souhaite que vous véhiculez à tous vos collaborateurs à vos camarades pour que nous-nous mettions ensemble, nous-nous donnions la main et parler le seul langage (le football). C’est ce football qui nous a unis des décennies durant, ne prenons pas un recul devant l’histoire. Prodiguez des conseils de par vos messages et de par tout ce que vous avez comme connaissances en la matière pour que les enfants du Mali se retrouvent. Je suis convaincu que si nous arrivons très rapidement à se mettre ensemble, cela va beaucoup impacter sur l’aspect sécuritaire même de notre chère patrie. Imaginez, on est en train de jouer au football à Gao, à Tombouctou. Regardez l’engouement que cela suscite et ces enfants qui ont repris à aller dans les stades pour chercher à nourrir leurs familles. Pensons à tous ceux-ci. Que Dieu bénisse le Mali et son football !
Interview réalisée par Yacouba TANGARA (JRI Mali)