Planète des Anciens : Sadia Cissé, tout le monde n’est pas fait pour être professionnel…»

Planète Sports se propose d’aller à la rencontre de nos anciennes gloires et partager avec eux les grands moments qu’ils ont vécu sur le plan sportif. Dans ce numéro, nous avons approché Sadia Cissé, ancien joueur du Djoliba AC et de l’équipe nationale. Dans cette interview, il retrace son parcours, ses grands moments, et se prononce sur l’avenir du football malien, tout en prodiguant des conseils précieux pour les jeunes.

Interview réalisée par Yacouba TANGARA

 

Planètesportsmali.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et relater votre parcours sportif ?

Sadia Cissé, ancien joueur du Djoliba AC et de l’équipe nationale : Je suis né le 15 avril 1944. Je suis père de 4 enfants (2filles et 2 garçons) et j’ai 60 sélections inter-nations, parce qu’à l’époque les équipes nationales jouaient contre les nations et non contre les clubs. Je suis finaliste de Coupe d’Afrique des Nations, jouée en 1972, demi-finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1967, demi-finaliste de la coupe d’Afrique des vainqueurs de Coupes en 1981-1982 et quart de finaliste de la Coupe d’Afrique en 1970.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière sportif ?

Nous avons vécu à une période où Tiécoro Bagayoko était le responsable du football malien. Donc, ma carrière a été marquée par les Coupes du Mali de 1978-1979 et de celle de 1981. Feu Demba Coulibaly a dû appeler la Coupe du Mali 1978, la Coupe de la vérité, parce que pour eux le Djoliba AC ne gagnait que par l’intermédiaire de Tiécoro. Cette Coupe, le Djoliba l’a remportée, en battant l’AS Réal par 2-1. Après, en 1979, le Djoliba AC a battu le Stade malien de Bamako par 3-1, en marquant 3 buts en 3 minutes. Et en 1981, le Djoliba AC a gagné la finale face au Réal par 1 but à zéro. Voilà les faits marquants de ma carrière au plan local. Sur le plan international, Yaoundé 1972 qui a été le chemin du football malien, jusqu’à preuve de contraire, parce que le Mali n’est  jamais arrivé en finale après 1972.

Quels sont vos rapports avec la génération actuelle ?

J’ai de très bons rapports avec la génération actuelle, parce que je travaille à la Fédération et ma carrière a duré de 1961 à 1981. En 1981, quand j’ai raccroché, je suis devenu le directeur technique de l’équipe du Djoliba AC et après, je suis devenu le directeur technique de l’équipe nationale A en 1983, suite au départ de Mithiou qui était le directeur technique. Je suis resté à la Fédération jusqu’à 1988, année à la quelle j’ai quitté la Fédération pour des raisons d’ordre professionnelle. Avec Salif Keïta, on avait élaboré un plan de relance du football malien. Les responsables de l’époque étaient un peu pressés pour des résultats. Ils voulaient des résultats immédiats, alors qu’il fallait une politique de jeunes. Je suis revenu à la Fédération en 1995 et de 1995 à aujourd’hui, je suis toujours à la Femafoot. Maintenant je travaille comme conseiller du président, chargé des équipes nationales. J’ai occupé plusieurs fonctions, j’ai été Manager général, directeur technique et intendant. C’est une bonne occupation pour moi. Parce que sur le plan professionnel, j’ai été inspecteur des finances, parce que j’ai fait l’ENA (première promotion de 1966-1970). Je suis un  cadre supérieur de l’Etat malien. Je suis sorti comme inspecteur.

Est-ce que vous avez pu vivre de votre talent ?

Sur le plan professionnel, je suis inspecteur des finances. Je n’ai pas pu vivre de mon talent, puisqu’ en 1970, Salif Keïta m’a trouvé 2 équipes en France : Angers et Nancy. Mais je n’ai pas voulu partir parce que j’étais déjà un cadre supérieur et je gagnais bien ma vie. Je suis resté au pays, parce que je pense que tout le monde n’est pas fait pour être professionnel et j’ai remercié Salif pour son initiative. En réalité je voulais rester au Mali pour m’occuper de ma famille et du football au plan national. Aussi, à l’époque c’était difficile d’être professionnel et joué en même temps. Ce qui m’a poussé à travailler à la Somiex au Mali, pendant 30 ans. Je suis parti à la retraite en 2000.

Comment voyez-vous l’avenir du football malien ?

L’avenir du football malien est prometteur, parce que ça se poursuit normalement. Les jeunes qui sont dans les différentes sélections sont capables de faire des performances exceptionnelles. C’est vrai que la génération de Seydou  a réalisé une bonne coupe du monde en 1999, et celle qui vient de participer au mondial U-20 de 2015 en Nouvelle Zélande peut faire aussi des merveilles. Elle est talentueuse et je leur souhaite de très bonnes chances. Avec le professionnalisme les clubs maliens seront à mesure de remporter des trophées continentaux, après le Stade malien. L’équipe nationale senior a aussi de lendemains meilleurs et on est bien parti avec le rajeunissement de l’équipe.

Quel est votre conseil à l’endroit des jeunes ?

Je leur demanderai de mener une vie sportive. C’est d’être sérieux dans la vie en dehors du terrain. Quant on est jeune, on a le temps de faire  le football et le reste on a tout le temps pour le faire. Je pense qu’en ayant une bonne vie sportive ils peuvent aller très loin et arriver à leurs fins. Sur le plan professionnel, je pense que les équipes maliennes peuvent aller loin. Le Stade malien vient de rentrer dans la phase des poules de la Coupe CAF. Le Stade a des individualités qui lui permettent d’aller loin.

Les gens s’enflamment en milieu footballistique national. Je pense qu’ils doivent avoir de la mesure dans ce qu’ils font. Parce que le football est d’abord un jeu. Il faut laisser les joueurs joués au ballon pour se faire plaisir et c’est ainsi que nous pourrons tirer le maximum de bénéfice. C’est comme ça qu’ils peuvent nous amener loin.